L'histoire

Des Villages & de leurs Patrimoines

Histoire Aranc

Le patronyme Aranc à travers les siècles

Aranc 1249
Arenc 1284
Arens 1359
Arenc 1492
de Arenco 1495
Aran 1650
Haranc 1665
Aranc en Bugey 1670

A. DAUZAT dans son dictionnaire n'explique pas le"ar" mais le "anc" venant du pré-latin "ancum".

M.T MORLET et E. NEGRE proposent le patronyme germanique Arincus.

Il existe d'autres explications :
- Ar ==> "près de" et Randa "limite"
- Aringos ==> "chez les "Aringi"
- Arena ==> "sable"
- ar ==> point d'eau.

Aranc dépendait du seigneur de ROUGEMONT et des successeurs dont le château, sise non pas à Aranc, mais dans le hameau de Rougemont, était le plus imposant du plateau !

La seigneurie

En cette fin 18ème le château est bien sur la carte de CASSINI.

C'est un des plus vieux château du plateau connu par les textes. Il n'en reste que des ruines qui s'écroulent poussées par les racines et les arbres, ce qui est bien dommage pour notre histoire et notre passé. On préfère construire du neuf à quelques centaines mètres de là un village ancien...

Les sieurs Bernard et Humbert GARNIER de ROUGEMONT passent reconnaissance aux sires de THOIRE-VILLARS pour tout ce qu'ils possèdent dans le Val de Rogemont le 05 février 12301. En 1254, Garnier de ROUGEMONT céda les terres possédées dans les limites de Meyriat, vers Corcelles et Ferrières aux chartreux. Guillaume de ROUGEMONT traite avec Thomas comte de SAVOIE en 1273.

Pierre comte de SAVOIE, dans son testament du 06 mai 1268, légua ses biens à son frère Philippe. En sont exclus les châteaux de Saint Rambert, Lompnes et les fiefs situés à Rougemont, destinés à sa fille Béatrix, épouse du dauphin du Viennois. Le 15 janvier 1293, des nommés ROUGEMONT, hommes dits nobles, causèrent des tords à Brénod2. Le châtelain de Lompnes leur ordonna de réparer les dégâts occasionnés. Barthélémy de ROUGEMONT traite avec le sire de THOIRE le 03 juin 1304. Par lettres patentes du 09/11/13193, ce dernier accorda à Bartholomé de ROUGEMONT, possédant toutes justices sur ses hommes et ses terres, à dresser des fourches patibulaires. Où étaient-elles situées ? forcément à la limite et entrée de la seigneurie.
Pierre de ROUGEMONT eut deux épouses, Bernarde de MONTLUEL et la seconde en 1485, Jeanne de VILLETTE, fille du seigneur Amé de Lacoux. Henriette, leur fille, fut la dernière représentante de la branche aînée. Veuve de Guillaume de LA FOREST, elle demanda une dispense pour épouser, en son château, le 28 septembre 1508, Gaspard de ROUGEMONT, son cousin, seigneur de Pierrecloux... Elle teste en 1555. Elle sera la dernière à régner sur ce puissant château. Les de ROUGEMONT continuèrent en Bresse, seigneur de Vernaux.

testament Huguette de ROUGEMONT4
le 15 février 1555


En 1559, Guichard de GRENAUD, commis aux Postes Ducales, écuyer et seigneur de Lantenay, devint coseigneur de la baronnie de Rougemont. Le 09 mai 1613 devient seigneur de Rougemont5. Joseph de GRENAUD, fit titrer Rougemont en marquisat et en fut le premier marquis. LE MARQUISAT comprenait Aranc, Corlier, Izenave, Lantenay, Outriaz... Il était aussi baron de Corcelles, conseiller du roi au parlement de Bourgogne, premier syndic de la noblesse du Bugey de 1679 à 1686. Il achète la charge de Grand Bailly d'épée du Bugey à son ami Victor de LAFONT SAVINES. Il épouse Catherine de MONTILLET en 1663. Ils eurent neuf enfants. Jean Louis, l'ainé, marquis de Rougemont fut capitaine cavalerie dans le régiment du Dauphin. Avant de décéder, il fit le partage, un tiers pour ses frère et soeurs, les deux autre tiers à l'archevêque d'Auche, son cousin, Jean François de MONTILLET, à charge de reprendre les armes et noms. Il s'en suivit un procès fleuve, dont le roi de France mis un terme en 1785. Le marquisat resta dans la famille de MONTILLET de GRENAUD. A la révolution, une partie de la famille émigra. A son retour, la fille de Louis Honoré de MONTILLET de GRENAUD, prit la suite du procès de l'énorme héritage.

Le village

En 1758, lors de l'expertise, Rougemont comporte 36 maisons et seulement 24 à Aranc. Depuis Aranc est devenu village et Rougemont hameau.
en 1791 Aranc est rattaché au district de Saint-Rambert-en-Bugey et en 1802 au canton d'Hauteville-Lompnes.
 

L'église

Contrairement au reste des villages du plateau d'Hauteville-Lompnes, Aranc dépendait du diocèse de Lyon. Le curier du lieu gère les vicaire de Corlier, Montgriffon.
La copie du 16ème d’une charte d’avril 1247, prouve que Josserand de ROUGEMONT engagea au chapitre de l’église de Saint Paul de Lyon, le 6ème des dîmes d’Aranc, convention renouvelée en 1248. Une charte fut signée entre Guy de ROUGEMONT et le chapitre de saint Paul de Lyon au sujet de la dîme d’Aranc entre 1248 et 1265. Josselain de ROUGEMONT transigea plusieurs fois avec les religieuses de Blye, propriétaire d'un couvent entre Aranc et Corlier, pour la dîme.
Le premier curé du lieu est un prénommé Guillaume cité en 1263.

Une visite effectuée en août 1655 stipule que l'église et la cure est en bon été et bien entretenue, mais nous apprend beaucoup sur ce bâtiment.

  1. La première chapelle est sous le vocable de saint Pierre. Elle aurait été fondée vers 1510 par le seigneur de ROUGEMONT. Véronique de GRENAUD dite de ROUGEMONT sera la dernière a y être ensevelie en avril 17367.
  2. La deuxième possession de la famille PINGON d'Aranc, dont le patron est saint Michel.
  3. Une troisième fondée par la famille SAVEY du lieu, sous le vocable de saint Claude.
  4. Une quatrième de la famille SAGE sous le patronnage sainte Madeleine. celle-ci a besoin de travaux rugent.
  5. Une autre chapelle dédiée à saint Antoine est aussi la propriété de la famille de ROUGEMONT. En sachant que cette famille est éteinte et donc ce sont donc les de GRENAUD qui en possèdent tous les biens.
  6. Une chapelle su Rosaire.

05/04/1736 acte de décès de Véronique de GRENAUD.

En l'an mil sept cent trente six le sixième jour d'avril je soussigné prêtre ay inhumé dans la chapelle de St Antoine de l'église d'aranc Mademoiselle Véronique dame Rougemont qui decéda munie de ses sacrements le cinquième dudit mois ont assistés au obsèques me charles niogret curé de lentenay me antoine cachet curé de ???? et me antoine pingon vicaire de Corlier Dombe

Le cimetière est ouvert et les animaux peuvent venir y paître... Il est demandé de le fermer.

Elle est sous le vocable de saint Paul.
Depuis 1776 un édit interdit les sépultures dans les églises ou chapelles.
Les habitants d'Aranc estent contre les religieux de Saint Rambert, bénéficiaires de la dîme et qui doivent entretenir les bâtiments. Pendant la Révolution, les métaux furent récupérés, une cloche fondue. L'autre a été laissée en place afin de pouvoir prévenir les habitants. Le clocher fut démoli, les meubles enlevés. L'église fut transformée, comme un peu partout, en maison commune, lieu de réunion.
En 1792, le toit de la chapelle saint Claude doit être réparés. En 1805 l'archevêché de Lyon enquête sur l'état des différentes églises du diocèse. Des travaux sont nécessaires le toit doit être fait... Travaux réalisés en 1815. En 1830 il faut changer la seule cloche restante. C'est l'entreprise Chevalier de Lyon qui est choisie. Elle est livrée en 1831.
Le clocher, réclamé par les habitants, est reconstruit en 1869 et l'église agrandit pendant les travaux.
Deux nouvelles cloches sont livrées par l'entreprise BURDIN de Lyon en 18678.

L'école

Nous savons que depuis 1791 un maître d'école enseigne à Aranc.
La première vraie école est réceptionnée en 1850, après plusieurs projets non aboutis. Cette maison école fut démolie en 1890 pour la construction du groupe scolaire.

Le château

Il a dû être établi vers le 12ème siècle. Les ruines se trouve sur la proéminence au nord du hameau de Rougemont. On devine les restes de murailles et imaginer l'imposante surface de ce château. On distinguait, en 2005 lorsque j'ai pris les photos, une excavation circulaire, vestige de la tour. Coté Ouest une voute située au ras du sol, peut être le sommet de la petite porte du château qui donnait accès direct au village.
Par acte notarié6, appelé "prix fait" de 1626 Jean François de GRENAUD fait exécuter des réparations dans la tour Est du château, celle menant aux étages, "depuis le pied jusqu'à la sime". les maçons devront reprendre également les murailles coté Ouest. Le propriétaire fournira les matériaux.
Les scellés de 1741 nous apprennent que le château à deux étages, au premier la cuisine, au second une chapelle avec les appartements, un cabinet d'archives...
En 1776, une plainte est déposée car des habitant du lieu avaient abattu le couvert au dessus de la cuisine du château de Rougemont et enlevé les bois, meubles, pierres de tailles, ferrures des portes et fenêtres et effets qui s’y trouvaient. Des charriots de pierres partaient pour Corlier. En juin 1795 une "masure de château" fut vendue comme bien de l'émigré de MONTILLET de GRENAUD.
Dans un acte de 1784 il est fait mention d'une tour coté Sud du village... Il devait exister deux tours dissociées du château, l'une au nord, l'autre au sud. Ce qui parait normal au vu de la grandeur du château en toutes justices.
La tour Nord aurait été érigée sur le pré de la Tour.
La tour Sud élevée au croisement des chemins de Résinand et d'Evosges.



Achat du château de Rougemont par Joseph de GRENAUD10.


"l'an mil six cent soixante treze le ving neuvième jour du mois de novembre après midy devant le notaire royal soussigné sont présents les temoings ?? sus nommé fut présent Messire Claude Guillaume de Moyriat chevalier baron de la Velliere et de douvres lequel degré a vendu nomme par et présent mentionné il vend, purement simplement et irrevocablement a monseigneur monsieur Joseph de Grenaud chevallier seigneur de Rougemont, lantenay, mérignat, montgriffon et chavannes conseiller du roy au parlement de Bourgogne, present et acceptant largement à scavoir la totale juridiction et seigneurie haute moyenne et basse que le dit seigneur Baron de la Vellière a sur ses hommes, indivisables et fiefs rière le village d'aranc et rougemont dependants de la dite seigneurie et baronnie de la Velliere tout ainsi et comme le dit seigneur Baron et ses hauteurs et predecesseurs de la dite seigneurie et baronie en ont joui par le passé jusqu'à présent......"

suivent les rentes, donation des terriers,  etc... au prix de 880 livre louis d'or et d'argent.
Ci contre les signatures des vendeurs, acheteurs, témoins....

vente du château de Rougemont comme bien national9.

"3ème lot
une mazure assez volumineuse du chateau de Rougemond, entierement delabré, avec près et hermitures d'alentour....."

Voici les photos prises en 2005 pour mon livre sur les seigneurs et seigneuries du plateau. Je n'ose y retourner de peur de ne plus rien retrouver de ces vestiges historiques... Alors qu'à quelques centaine de mètres on construit du vieux neuf ! elles représentent le plan du château en 1838, la voute et l'entrée de ce qui ressemble à une porte, le chemin d'accès, les murailles, surtout celles Nord Est et Nord Ouest les mieux conservées.

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Les hameaux

Plusieurs hameaux dépendent d'Aranc : Rougemont, Résinand et Pezières. Il existe des maisons isolées Salagnat, Malaval, Colognat, Gorge et Granges Goyet.

Rougemont

Rubra Monte 1144
Rubeimontis 1206
Rogimonte 1213
Monterubes 1284
Rubesmonte 1286
Rogemont 1301
Rougemont 1536

A partir du 17ème siècle on trouve les deux écritures dans les textes : Rogemont ou Rougemont. Cela est valable aussi pour le nom de famille.

C'est le chef lieu de la seigneurie avec son château médiéval. Avec un population plus importante que Aranc, tendance qui s'inversera pendant la période moderne. De par la difficulté de rejoindre Aranc, Rougemont posséda une école non reconnu, puis par décision officielle en 1868.

Résinand-Les Pézières

Ce hameau est connu sous le nom de Tizenan en 1670. Une église est construite vers 1830 ; et comme Rougemont il possède une école depuis 1865.
L'église de notre dame des 7 douleurs se trouve aux Pézières.

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Planafay et son énigme

Sur wikipédia, l'auteur cite Planafay comme étant l'ancien nom de Montgriffon11 qui aurait changé de nom lors du rattachement avec Nivollet en 1800...  Il n'apporte aucune preuve... En 1800 Planafay avait déjà disparu. Il n'est même pas mentionné sur la carte de CASSINI.
Pourtant Planafay est cité dans les textes anciens. Pour l'un, il est entre Montgriffon et le Lancieux, pour un autre c'est un hameau de Salagnat. Je ne connais qu'un seul document prouvant son existence et son lieu approximatif.
Ci dessous un plan de 1440 issu de l'inventaire des biens de l'émigré de MONTILLET de GRENAUD12 produit le 04 septembre 1796. On peut y voir deux chemins dit "d'Aranc à Plannafay" et de "Résinand à Plannafay", et au dessous Montgriffon. Dans les actes notariés, il est fait une différence entre les habitants de Montgriffon et Planafay.


Le 18 novembre 1657 le curé d'Aranc, dans ces actes de baptêmes, mariage et sépultures fait bien la différence entre Montgriffon et Planafay13.

La croix de Malaval

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1 MS 2129 fond MORIN-PONS. Bibliothèque Municipale de Lyon.
2 Cote FF 1 Archives Communales de Brénod
3 MS 2129 fond Morin Pons BM
4 Cote 189 J 1 ADA
5 Pièce et date citées à l’inventaire de Thomas de Montillet du 19 octobre 1838
6 Notaire BERTHET 3 E 6840 ADA
7 https://www.archives.ain.fr/ark:/22231/vtab5420a831ee83c48/daogrp/0/15 et non 1786 comme écrit par Mme et M. DUPONT dans Aranc autrefois éditions le Dreffia-2013
8 Voir Aranc autrefois. parution Le Dreffia-2013
9 Q212 Archives Départementales de l'Ain
10 Notaire BILLION 3 E 6848 Archives Départementales de l'Ain
11 https://fr.wikipedia.org/wiki/Nivollet-Montgriffon
12 Archives Départementales de l'Ain Q316
13 acte des Archives Départementales de l'Ain Aranc 1654-1658 p 19/22