Quand on aime, on ne compte pas... il parait....
Depuis mon écriture sur les six seigneurs et seigneuries du plateau, je collecte tous les documents, blasons, généalogies, etc. des familles nobles ou bourgeoises du Bugey... Il est vrai que je déborde un peu sur nos anciennes provinces voisines qui forme le département de l'Ain... Mon rêve, irréalisable, j'en ai peur ! compléter et faire une suite de l'armorial de GUICHENON... Plusieurs vies me sont nécessaires !
Il faut absolument rétablir une vérité : blason et/ou particule ne veulent pas dire noblesse ! Prenons trois exemples de familles Bugistes.
Voici la maison de la famille DELOMPNES originaire de Virieu-le-Grand. J'ai vu sur certains sites le "de" être séparé afin de "faire plus noble". Cette famille fait partie des 220 que j'étudie. Pour moi elle est "close" car sans descendance directe et j'ai amassé 449 fichiers dans 79 dossiers d'actes notariés et d'état-civils pour en établir la généalogie et l'histoire.
Le premier acte retrouvé date du 05 février 1618, preuve de leur ancienneté, le seigneur marquis d'URFE admodie le battoir à Claude DELOMPNES, châtelain de Virieu-le-Grand. Il est appelé monsieur, ce qui prouve un certain rang, mais la charge de châtelain n'est pas anoblissante. Le long des siècles les mariages se font avec des familles bourgeoises ou proches de la petite noblesse locale, les CYVOCT, les FERRA, DESVIGNES, de LUZINES.... De châtelain, ils devinrent capitaine châtelain jusqu'à Charles né en 1751. Celui-ci quitte Virieu-le-Grand et devient notaire, conseiller du roi sur Lyon, où il se marie avec Claudine MOLLIERE en 1777.. Son frère, Ennemond Marie le rejoint comme apprenti chapelier et loge chez lui. Bien mal leur pris de venir juste avant la Révolution. Ville affranchie se soulève. Ennemond est pris les armes à la main. Emprisonné à Roanne, il est jugé et guillotiné en 1793 malgré deux lettres d'élargissement ! Quant à Charles, il est arrêté en 1793 et considéré comme agent de la contre révolution et principal auteur d'une nouvelle concernant l'arrivée des piémontais sur Lyon.... Il subit le même sort en janvier 1794. Fin de la branche principale des DELOMPNES. Il ne reste que des descendants par les femmes.
Ils ne furent donc jamais nobles malgré la perte de la tête sur la guillotine !
Deuxième exemple, il en est de même pour les écus ou armoiries.
Monsieur J.L FRANCALLET, de Saint-Martin-de-Bavel, édite un fascicule à Nimes en 18621... Il se fait appelé FRANCALLET de BAVEL et se dit descendant du seigneur de BAVEL avec en prime un écu, reproduit ci contre "d'argent, au chevron de gueules accompagné de trois trèfles de sinople" ...
Il écrit lui même n'avoir aucune preuve car "tout aurait brulé dans l'incendie de la maison de son père"...
Or quand on reprend l'état-civil et les actes notariés... pas de FRANCALLET de BAVEL, rien dans les armoriaux de Savoie, de Bourgogne ou de France...
Le blason, qu'il écrit être détenu par sa famille, existe mais au nom de CHEYNEL, famille de Saint-Martin-de Bavel. Je n'ai pas trouvé d'alliance avec les FRANCALLET, ni de contrat ou testament léguant ce dit blason à la famille FRANCALLET. Si quelqu'un le trouve, je suis bien sûr preneur.
Le plus connu est Antoine Joseph FRANCALLET né en 1802 membre d'honneur de l'académie Royale de Madrid et fabricant d'étoffes...
L'écu ne fait pas le noble..
D'autres se prennent pour des descendants de nobles, en s'inventant des mariages... Les SAVARIN de Brénod, viendraient des SAVARIN de MARESTAN, famille de grande noblesse du Languedoc... Bannissement et fortune saisie puisqu'ils (ne) sont (plus que) syndics de Brénod fin 15ème...et comme cela a été mis sur Geneanet, cela est recopié des dizaines de fois et donc la descendance nombreuse... Le mauvais côté d'Internet !
Après cette petite introduction, revenons à nos familles bourgeoises ou nobles des Pays d'Ain et plus particulièrement du Bugey2. Pour les prendre en considération et les étudier, je me suis basé sur l'Histoire du département, des villages, des familles, sur les armoriaux ou généalogies existantes.
Qu'est-ce que la noblesse ?
Le mot "noblesse" concerne toute une famille, filles comprises. Le titre lui désigne une personne. Il existe la noblesse de "robe" et la noblesse d'épée. La première s'acquière pour une charge anoblissante accordée par le Roi. La seconde est centrée sur une carrière militaire ou un lignage ayant possédé une seigneurie sur plusieurs générations.
Il existe aussi ce que l'on appelle la noblesse d'Empire, donc récente, mais le mot "noblesse" ne figure jamais dans la législation du premier Empire.
A ce jour 28 janvier 2022, je totalise 215 dossiers de familles étudiées. Certaines sont complètes comme les CYVOCT de Thézillieu jusqu'en 2018 dont l'histoire est parue en trois articles dans les Cahiers du Dreffia3. D'autres beaucoup moins avancées, cela dépend de mes trouvailles ! Mais surtout du temps que je peux y consacrer ! La dernière en date de CARDON de SANDRANS, baron du dit lieu.
Pour effectuer des recherches, il ne faut oublier que le Bugey étant autrefois dans le royaume de Bourgogne, les archives départementales de Dijon en conservent les archives. Nous y trouvons les comptes de châtellenies, le recueil de PEINCEDE. Ce dernier répertorie les noms de lieux et patronymes avec les cotes des documents dans 60 volumes écrit fin 18ème. Pour les nobles comme pour les villages il faut absolument consulter ces registres. Il existe d'autres archives un peu plus éloignées.... celles de Turin. Nos provinces ont été sous domination savoyarde pendant des siècles.
1 il est consultable sur Gallica, le site de la Bibliothèque Nationnale de France : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5726412p
2 vous ne me verrez jamais écrire ou employer le terme Aindinois, nom voté par des élus en manque de temps pour d'autres choses plus utiles. L'Ain est composé de 4 territoires depuis des siècles : La Bresse, La Dombes, le Bugey et le pays de Gex. Les uns ne vivent pas comme les autres, n'ont pas les mêmes particularités, même si nous sommes tous des Pays d'Ain.
3 Association de sauvegarde du patrimoine du Plateau d'Hauteville.