Cormaranche-en-Bugey

Histoire Cormaranche-en-Bugey

M. CRUIZIAT Yann a publié l'histoire de Cormaranche-en-Bugey, en trois volumes : Cormaranche-en-Bugey des origines à 1814 ; de 1814 à 1939 et un dernier uniquement consacré aux écoles. Ils sont en vente auprès de l'auteur.

Les différentes écritures de Cormaranche-en-Bugey

Cormarinca 1055
Cormarenchi 1142
Cormarenchi en Valromesio
Cormarenchia 1146
Cormarenchi 1222
Cormarenche 1665
Cormaranche 18ème
Cormaranche-en-Bugey 1920
Les divers étymologistes tels de DAUZAT, ROSTAING ou NEGRE, ne sont pas d'accord sur la signification.
Cormaranche viendrait de :
  • "cortem" domaine et "marinca" nom germanique ;
  • ou de "gormaru" et "inca" ;
  • ou de "molingas" patronyme germanique et "inca".
Il est très difficile d'être sûr des origines d'un patronyme.  

La seigneurie

Le village n'a jamais possédé de château ni de seigneurie et a toujours appartenu à un noble.
Sa première mention date du 29 avril 1055 lorsqu'un chevalier donne une manse située dans le pays de Genève au lieu de Cormarinca.
En 1080 les droits de garde sur le cimetière et dans la paroisse sont vendus au Comte de SAVOIE.
La famille de GRAMMONT fit don de ses possessions sur Cormaranche à l'abbaye de Saint Sulpice vers 1140. En 1228, Humbert de LUYRIEU prend possession de Cormaranche détenu par le sire de BEAUJEU. Puis les terres furent attachées à la seigneurie de Lompnes possédées par les comtes de MAURIENNE, puis de SAVOIE. Nous resterons savoyards jusqu'en 1601, date de rattachement au royaume de France.
Le seigneur de "Lônes" dans son puissant château avait toute justice sur plusieurs villages : Cormaranche, Hauteville, Nantuy et Mazières.
Il ne faut pas oublier la proximité de l'Abbaye de Saint Sulpice qui détenait une partie des dîmes prélevées sur Cormaranche.

Le village

Voici la représentation de la paroisse de Cormaranche-en-Bugey et ses hameaux, au 18ème siècle, vue par les dessinateurs CASSINI.


Blason de Cormaranche-en-Bugey

Ce blason a été réalisé par le comité de jumelage et l'école en 1989.

Je n'ai fait que les aider à respecter les règles héraldiques.

Il faut rajouter la devise : Sô m'seur dé grôba : les mangeurs de soupe.

Adopté en conseil municipal de Cormaranche-en-Bugey le 28 février 1992.

 

"Taillé d'azur à la louve d'argent sur un losangé de trois tires de sinople et d'argent, chaque losange chargé d'un sapin de l'un et l'autre"


La vogue et les Conscrits de Cormaranche-en-Bugey

Les conscrits sont les jeunes âgés, de 20 ans, tirés au sort pour effectuer le Service National institué en 1798 : la conscription. Conscrit s'était être bon pour le service.
Certains pour y échapper établissaient un contrat et payaient devant notaire un remplaçant. Nous retrouvons ces actes dans les archives notariales détenues aux Archives Départementales.

Dans nos villages, les conscrits, organisaient une fête. Je parle au passé car il ne doit rester que Cormaranche-en-Bugey où la tradition demeure, où la vogue est encore organisée par les jeunes du village.
Un président est nommé, ainsi qu'un trésorier, un secrétaire. Les jeunes fêtant leur 19 ans sont également dans le groupe sous le nom de "croutons".
Moi même né en 1961 j'ai été crouton en 1980 et conscrit en 1981... Que de bons souvenirs !

Rien n'est laissé au hasard dans la préparation de ce week-end de festivités. La municipalité prête le hangar (comme à Lompnes, Corcelles) ou la salle des fêtes. Il faut commander et faire livrer les boissons pour les trois bals. Ceux ci avaient lieu les samedi, dimanche et lundi soir. Le choix de l'orchestre était aussi important, plutôt musique actuelle pour les deux premières soirées et plutôt accordéon pour le lundi, consacré aux anciens.
Ne pas oublier de contacter les forains pour les manèges. Je me souviens des pousses-pousses, de la chenille, des auto-tamponneuses, du stand de tir, de la confiserie, etc. Autrefois la famille SEGUIN était au complet du père au fils et gendre, chacun son stand.
Les conscrits commandaient aussi les brioches à la boulangerie pour le dimanche matin.
Les quirlandes en papier pour la décoration des rues du villages le vendredi et les pétards pour réveiller la commune le dimanche matin.
Sans oublier l'achat des cocardes bleue-blanche et rouge pour les garçons et blanche pour les filles.
Un agriculteur prêtait son char afin de faire la tournée des brioches, char qu'il fallait décorer de branches de sapin, de guirlandes. Un musicien était aussi prévu afin d'égayer le cortège...

Guirlandes, ma cocarde et celle de mon épouse

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Il ne fallait pas non plus oublier la peinture blanche pour effectuer les inscriptions sur les chaussées du village en face de certaines maisons. Message spécial aux propriétaires, sous entendus, commérages, jeu de mots.....
Tout une organisation bien rodée ! Les conscrits et croutons se réunissaient plusieurs fois la ou les semaines précédentes pour tout préparer, des soirées côtelettes, fondues chez notre chère Constance à Vaux, bals dans les autres communes, soirées chez les uns et les autres...
Beaucoup de choses ont changé ces dernières années....
Plus de pétards le dimanche matin suite à des plaintes... Que feraient ces gens là à la métropole de Lyon où pratiquement tous les soirs résonnent les pétarades de mortiers !
Plus de déplacements d'objets. Oui les farceurs de "conscrits" déplaçaient les objets trouvés en chemin... comme par exemple les tables et chaises de l'Hôtel restaurant du Centre mis autour de l'église avec un vieux réfrigérateur rempli de bouteilles, vides bien sûr ! Les pots de fleurs finissaient sur les marches de la mairie de Cormaranche... dans un autre temps ce sont les toilettes en planches " la cabane au fond du jardin" qui arrivaient sur la place du village... et tout cela durant les nuits précédant la vogue et dans la bonne humeur... enfin pas pour tout le monde le lendemain matin.
Le vendredi commençait les festivités ! La décoration des rues du village avec les guirlandes en papier.. Les groupes constitués chacun pavoisait un quartier... Une guirlande sur les maisons des conscrits et les autres accrochées en travers des chaussées.. Sans oublier de boire un coup à chaque maison.... La dur vie d'un conscrit en fête pour le week-end !

Les forains s'installaient sur la place du village. Les autos devant la fruitière, les pousse pousses devant la salle des fêtes (nous survolions les WC publics et le vide devant la salle) ; la chenille vers la poste, le stand de tir, de confiseries et le manège pour enfants vers le monument au Morts. La place devenait un lieu musical ou se retrouvait toutes les familles, voisins, etc... que de bonheur pour les enfants, essayant d'attraper le "pompon" pour avoir un tour gratuit, les discussions, les rires... le vrai bonheur !

Le samedi toute l'équipe se mobilisait pour tenir la buvette ou l'entrée du bal jusqu'à tôt le matin... après un coup de balai et de rangement, pas question de dormir..
Le dimanche matin, réveille de toute la commune à coup de pétards, puis départ pour chercher les brioches, le curé les bénissait, et nous passions dans toutes les maisons de la commune et des hameaux pour les distribuer. En échange, les habitant glissaient une pièce ou un billet dans notre cagnotte, et un ou plusieurs verres dans le gosier.
Un tout petit peu de repos avant la reprise du bal du dimanche soir...
Le lundi midi les conscrits partaient en char manger au restaurant... L'après midi nous nous installions devant la mairie et organisions des jeux pour les plus jeunes : courses en sac, récupération d'un jeton d'auto-tamponneuse sur l'envers d'un poêle enduite de cirage, récupération d'une pomme dans une bassine d'eau avec les dents les yeux bandés et les bras dans le dos.... Pour les gagnants nous donnions des jetons/tickets pour effectuer des tours de manèges.

Le mardi ou mercredi, rangement et nettoyage à fond de la salle des fêtes afin de rendre les clés à Monsieur le Maire, qui ne manquait pas de passer plusieurs fois voir les conscrits...

Heureusement les jeunes sont toujours là... avec les guirlandes, les peintures... Les manèges ont disparu mais les conscrits organisent une "Color Run" et un feu d'artifice le dimanche soir.. Pour le plaisir de tous... Merci à eux de garder nos traditions même s'il y a moins de pétards, d'objets déplacés, moins de rire sur la place...

55 ans séparent ces deux photos de conscrits

Les conscrits en 1926

Les conscrits en 1981


Les manèges en 2010