La Généalogie

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les enfants trouvés des Hospices Civils de Lyon

Comme je l'ai précisé dans l'article sur ma généalogie, le plateau d'Hauteville était un lieu privilégié pour le placement des enfants trouvés par les Hôpitaux de la Charité ou de l'Hôtel Dieu de Lyon.
De l'hôtel de la Charité il ne reste que le clocher place Antonin Poncet, et l'Hôtel Dieu, dont Rabelais fut médecin, est devenu un "objet" de luxe.

Les hospices recueillaient les enfants dans le tour, les répertoriaient dans les grands livres des réceptions, avec les précisions sur ses habits et sa découverte, les baptisaient, et les envoyaient en nourrice. Souvent le prénom et le patronyme étaient donnés par le personnel réceptionnaire, sauf si sur l'enfant un billet était trouvé. Quelques fois, un morceau de papier précisait le prénom voulu, le pourquoi de l'abandon, et une moitié d'une carte précisant que la personne voulait le récupérer et donnera l'autre moitié comme preuve.
Dans ces grands registres très bien écrits et lisibles, on peut lire en face remis aux parents, mais cela est  très loin d'être la majorité des cas !
La majorité décède lors du transport ou dans les premières années. Ces enfants étaient une ressource financière (et des bras en plus pour la ferme !) car les Hospices payaient et donnaient des vêtements jusqu'aux douze ans de l'enfant. Les Hospices les gardaient en cas d'infirmité où indemnisaient les familles d'accueil jusqu'au décès de l'enfant.
Il arrivait quelques fois que la mère ou les parents connaissent l'endroit du placement de leur enfant. Cela reste des cas rares. Je retrouve ces exemples à Corlier et Belmont, mais il doit en exister d'autres... Dans le texte ci dessous, issu des registres des Hospices Civils1, on s'aperçoit qu'une marchande ambulante a reconnu une enfant ; et une autre a été enlevée de chez ses parents nourriciers ou "patrons".




Le règlement des Hospices obligeait deux employés à surveiller la croissance et le bien être des enfants. Ils rendaient visite une fois l'an et discutaient avec le curé du lieu, la famille d'accueil et l'enfant. Si l'enfant était jugé mal tenu ou maltraité il changeait de famille d'accueil.
Nous savons que lors de la visite du 26 novembre 1823, les rapporteurs se plaignent du mauvais traitement des enfants en ces termes "les montagnes du Bugey, étant surchargées  de nos enfants et ne leur offrant aucun avantage après 12 ans, nous croyons qu'il serait nécessaire d'en faire rentrer un plus grand nombre que celui proposer à votre appel". les deux visiteurs expliquent que ces enfants sont un sujet de spéculation du maire et qu'il conviendrait de suspendre tout placement dans cette commune2".
Chaque année un compte rendu des visites, des placements, du nombre de décès, etc. était rédigé. Voici un extrait de celui de 18333.


Voici l'acte de réception et de placement d'une fille prénommée Claudine CHAMPDOR4 Cette  petite est réceptionnée le 12 octobre 1784 âgée de 2 jours. Elle est envoyée au Petit Abergement le 14 du même mois chez Philippe BELOD et Marie Jospehte VIVIANT. La pauvre décède le 27 octobre 1784.

A Champdor par exemple les premiers décès d'enfants nourriciers apparaissent en 1754. Je les ai tous répertoriés entre 1754 et 1859. D'après les études des décès par tranche de 10 ans, de 1754 à 1802, es taux de décès varient de 12,5 à 25.6%.
Ma généalogie possède deux enfants des Hospice : GINGENE Victoire, enfant exposé le 14 décembre 1776, remise à Alexis MACLET de Cormaranche le 12 décembre 1786. Elle s'est mariée en 1806 à TRONCHON Jean Marie.
La deuxième est nommée MARTOURET Claudine née en 1777, placée à Champdor chez Antoine HUGONNET en 1784, unie en 1806 à PONNET Etienne.
Ces deux enfants ont donné naissance à des enfants qui ont permis que j'écrive ces quelques lignes.

Nombres d'anciens des villages ont connu des enfants des Hospices venus "garder les vaches" dans nos villages. Certains ont fondé des familles sur le plateau.



1 Registre des rapports des visites aux enfants placés à la campagne - La Charité Inspection: 1834-1842 (vue 23)
2 Registre des rapports des visites aux enfants placés à la campagne - La Charité Inspection: 1834-1842 (vue 5)

3 extrait de mon livre histoire d'une commune du Bugey Champdor p 136.
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Livre des placements aux Archives Municipales de Lyon. Sur le site, très bien réalisé et pratique, il est possible de rechercher un enfant trouvé des Hospices en tapant son nom.